Au cœur des régions montagneuses de l’Atlas marocain, les bergers berbères élèvent leurs moutons en plein air, en petits cheptels. Dès l’arrivée des premières chaleurs, les bêtes sont libérées de leur épaisse toison. Au sortir de l’hiver, celle-ci les gêne et nuit à leur bien-être. La tonte est pratiquée aux ciseaux, de manière traditionnelle.
La laine naturelle est ensuite lavée et érodée sur la pierre, en bord de rivière, puis mise à sécher au soleil. Puis la laine est cardée, peignée et quadrillée à la main pour démêler et aérer les fibres, enlever les impuretés résiduelles et lui donner un aspect lisse et régulier. Les femmes Berbères prennent alors leur fuseau en bois pour filer la laine à la main, en pinçant les fibres entre leurs doigts. Un travail patient et méticuleux fait à la main. Le filage terminé, la laine arbore sa couleur naturelle, écrue, grise, marron ou noire, et la teinture peut intervenir.
La laine est mise à bouillir dans de grands récipients contenant des plantes. Chaque plante et mélange de plantes donne une teinte particulière. Durant une demi-heure, la laine est remuée au bâton, puis égouttée et exposée à l’air libre, devant les maisons des tisseuses. Deux à trois jours plus tard, la laine est prête pour le tissage.
Les tisseuses procèdent au montage de la laine sur le métier à tisser, le tout dans un travail méticuleux fait main. Il faut tout d’abord enrouler le fil autour de deux piquets. La distance qui les sépare déterminera la dimension du tapis. Cette opération nécessite l’intervention de trois femmes : une à chaque piquet, une troisième faisant des tours entre les piquets. On obtient une trame horizontale. Cette trame est ensuite placée sur le métier à tisser et retournée pour obtenir une trame verticale qui servira de base au tapis. Ce montage à la main donne naissance à une trame placée sur le métier à tisser : le bâti est prêt à accueillir les bouts de fils préalablement découpés.
Un tapis est composé d’une trame en laine et de nœuds, le nœud Berbère étant particulier. Le nouage se fait à cadence très rapide et chaque tapis en laine nécessite plusieurs semaines, jusqu'à quelques mois de travail, à raison d’une avancée quotidienne d'un ou deux centimètres. Une fois terminé, le tapis est lavé plusieurs fois et séché au soleil. La densité des nœuds, les motifs et symboles, les couleurs et le format de chaque tapis sont propres aux traditions de chaque tribu.
Les femmes Berbères confectionnent des tapis chez elles, selon un art ancestral, artisanal et écologique, dans le respect de l’environnement. La confection de tapis est une activité éco-responsable : elle constitue le principal revenu de ces familles des hauts plateaux du Moyen Atlas. Un savoir-faire qui se transmet de génération en génération. Les tisseuses sont aussi dans la mesure de répliquer des modèles pour des demandes sur mesure, ce qui peut souvent les amener à tisser en prenant un modèle prédéfinie ou en collaboration avec des designers qui créent des tapis berbères sur mesure.