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La poterie marocaine et berbère

Cet art ancestral qu’est la poterie au Maroc est ancré depuis des siècles, ce sont les Maures il y a plus de 1000 ans qui ont installés les premiers fours à Fès, Meknès, Safi et Marrakech.

La poterie au Maroc est une pure tradition marocaine transmise de générations en générations.
On peut ainsi dire que la poterie au Maroc est un véritable art de vivre !

L’histoire de la poterie au Maroc est très riche et variée mais, tout comme le temps, elle a dû se confronter à de nouveaux concepts avec pour objectif d’évoluer et de s’adapter aux nouvelles tendances, utilitaires comme décoratives tout en conservant toute son authenticité.
Ainsi, toujours teintée de culture locale, la poterie se diversifie et notamment entre le nord et le sud du royaume, de même entre les villes et les villages ruraux, c’est cette diversité qui fait valoir les belles poteries du maroc, poteries citadines et poteries berbères. Née de cet héritage très ancien, cette poterie marocaine et berbère séduit toujours de toutes les particularités qu’elle peut faire valoir.
Les villes de Fès, Meknès, Marrakech, Safi, Salé, Tétouan, Azemmour sont très connues pour leurs poteries.
Parmi les poteries réputées du Maroc, il y a la célèbre poterie de Tamegroute qui garde encore tous ses secrets, de même la poterie du Rif qui se démocratise de plus en plus et qui présente la particularité d’être une poterie exclusivement féminine, autrefois destinée aux objets utiles de la maison, elle est aujourd’hui une poterie qui est très recherchée..

La poterie marocaine et berbère sous toutes ses formes

La matière première utilisée pour la poterie reste l’argile qui est très abondante au Maroc et qui de plus, offre une qualité assez exceptionnelle de matière première.
Cette argile est tout d’abord séchée au soleil, puis, elle est ensuite mouillée pour être pétrie et travaillée à la main.
Elle repose ensuite durant plusieurs jours avant d’être longuement manipulée pour laisser ensuite, l’art prendre forme. Les potières du rif utilisent leurs mains, elles travaillent à partir d’un colombin d’argile et non pas à l’aide d’un tour de potier. A contrario, la plupart des potiers hommes des régions et villes du Maroc où la poterie est répandue, travaillent quant à eux sur des tours à pied.

Pour la poterie, la patience est de rigueur, heureusement et c’est encore un fait courant au Maroc, le stress n’est pas encore de rigueur ! Les potiers font donc preuve de beaucoup de patience, de persévérance, mais aussi de beaucoup de créativité et d’ingéniosité.
Si à l’origine, la poterie s’est toujours articulée autour d’objets utilitaires et pratiques à la vie courante, elles ont su aussi au fil du temps s’intéresser à toutes les tendances décoratives.
On sait qu’autrefois, les grandes jarres ou pots en terre permettaient de conserver de nombreux produits tels que : les céréales, les olives, mais aussi, les fruits secs, l’huile, et dans certaines régions rurales ou montagneuses du Maroc, c’est encore de mise, les réfrigérateurs de l’époque sont donc encore très utiles parfois…

Si, la poterie a toujours fait valoir de nombreux articles utilitaires comme tous les plats, plats à tajines, plats à couscous, des assiettes, des bols, des tasses, des saladiers, des pots, des cruches, soit, toutes sortes de récipients, elle fait désormais et aussi place à des objets décoratifs.

D’un point de vue artisanal, au Maroc, la poterie, c’est un peu comme le pain et le thé. En effet, selon les régions, selon les villes, selon les communes, elle se distingue de signes spécifiques qui sont ainsi propres à chacun.

Certaines poteries font valoir des couleurs très particulières, c’est le cas de la poterie de Fès et son merveilleux bleu cobalt, ou encore ce vert ou cet ocre particulier propre à la poterie de Tamegroute.
Les couleurs comme le vert, le jaune, le brun se distinguent dans la poterie de Safi, un autre vert est propre aux poteries de Meknès…D’autres poteries se distinguent de leurs motifs.

Les poteries du Maroc sont parfois brutes, parfois vernissées, émaillées, sculptées…Elles sont aussi parfois décorées, parfois non. Toutes ces particularités font les variétés des poteries marocaines.

Pour les poteries berbères, elles offres des articles très spécifiques qui démontrent aussi les poteries d’autrefois, et c’est désormais ce qui plaît !
Cette poterie présente des objets formés d’argile brute séchée ou cuite, selon les cas.
On trouve des poteries nues, soit, dépourvues de motifs, d’autres légèrements décorées de motifs primitifs et très simples réalisés de touches de blanc, de noir, de brun…Ce type de poterie est le plus souvent réalisée par des femmes mais les hommes participent quelquefois aux motifs.
A l’origine et nous l’avons déjà précisé, ces poteries servaient surtout pour toutes les tâches du quotidien dans la maison, pour les besoins des familles.
Pour cela aussi, dans la poterie berbère, chaque article a toujours un rôle bien déterminé. Plats à tajine, plats à couscous, les jarres, les pots, les cruches et tous les ustensiles et récipients nécessaires.

La poterie berbère met en avant un travail artisanal ancien, réalisé à la main, une poterie brute ou décorée à l’aide de pigments naturels qui donnent des couleurs qui s’harmonisent joliment sur le ton brut de l’argile cuite ou séchée.
Les outils utilisés pour réaliser ces poteries sont très souvent rudimentaires.

Toutes ces choses font le charme et l’exclusivité de cette poterie marocaine et berbère.

Petite parenthèse : à Marrakech, vous devez absolument goûter la spécialité culinaire de la ville, ce fameux plat fait pour les hommes et réalisé par des hommes ce, si on en suit la légende…
C’est la fameuse Tanjia !
Délicieuse viande fondante aromatisée de citron confit longuement cuite à l’intérieur d’une jolie petite jarre de terre cuite.

Sur un plan plus général sur cette poterie marocaine et berbère, on aime ces irrégularités qui donnent des pièces toujours uniques et purement artistiques.

La poterie marocaine et berbère reste pure et sincère, elle est typique et authentique elle fait valoir le talent de tous ces hommes et ces femmes qui perpétuent la tradition.

Les distinctions de la poterie marocaine

Au Maroc, on distingue bien les poteries citadines des poteries rurales…
Pour les villes, poteries de Salé, poteries de Fès, poteries de Safi, ce sont des pièces qui offrent des motifs divers et variés, et de nombreuses couleurs. Pour les poteries du Nord, on note que celles-ci sont moins colorées. Selon les produits proposés, les héritages de l’art islamique et ceux de la civilisation arabe se font aussi souvent remarquer.
On peut distinguer la poterie masculine et la poterie féminine.
La poterie berbère dans ses formes et ses motifs fait plus souvent référence à l’antiquité. Pour cela, la poterie du Rif issue du massif du Rif et de ses contreforts, reste très particulière, elle est souvent réalisée par les femmes, le désintéressement des hommes à cette forme de poterie étant que justement celle-ci à l’origine n’était pas destinée à la vente mais surtout à la vie quotidienne des familles. Dans cet art spécifique mais très ancien, on les produits comme les plats à pétrir ou encore des petits braseros que l’on appellent aussi “Kanouns”…
On pourra remarquer également toutes ces cruches, ces pots décorés simplement mais avec raffinement.
Dans la région de Jbâla, des poteries sont réalisées aussi à base de bouse de vache, d’argile non cuite, et aussi d’un mélange des deux…

Un peu comme dans l’art du tissage, ces poteries féminines proposent toujours des pièces uniques, très esthétiques qui naissent de la créativité et de l’imagination des artistes.

Certaines particularités, selon les villes, de la poterie Marocaine

On distingue assez bien certaines poteries marocaines comme les slaouis très sobres dans leurs formes et plutôt discrètes dans les couleurs avec des contours et des motifs souvent gravés.

La poterie de Safi très réputée elle aussi, offre quelques variantes de la poterie de Fès.
La polychromie utilisée à l’époque et abandonnée au XIXe siècle, l’a “été en raison de la texture de l’argile plutôt riche en oxyde de fer. Cette Polychromie fût un temps, avait été remplacée par le bleu et le blanc des poteries de Fès, elle fût ré-introduite plus tard.
Les poteries de Fès mettent en avant le bleu dit de Fès, bleu de cobalt, sur fond blanc.
On y trouve notamment de très belles faïences ainsi que des céramiques émaillées et vernies.
La poterie de Tamegroute, offre des pièces très plaisantes, recherchées, d’un joli vert, ocre et brun, des pièces parfois dentelées, une poterie brillante dont le savoir-faire et la technique particulière perdurent encore de générations en générations, sans divulguer les grands secrets de cette poterie à part… 

A l’origine, la plupart des poteries ne comportaient pas plus de 5 couleurs, du brun, du vert, du jaune or, du bleu et un fond généralement blanc.


Pour le savoir-faire de la poterie marocaine et berbère cuite, ce qui reste valable pour la poterie d’argile en général, la cuisson des pièces prend beaucoup de temps et elle nécessite donc de beaucoup de patience.
Ce sont souvent des fours traditionnels qui sont utilisés, il faut atteindre une température de 900°et cuire ensuite les poteries durant 6 heures.
Les poteries sont ensuite refroidies avant d’être décorées ou non…
Certaines poteries comme celles de Salé proposent aussi une technique double de cuisson, si la poterie est tout un art, ce sont aussi des procédés et des techniques qui varient, de même cette matière première l’argile, qui n’est pas la même d’une région à une autre…
Pour préserver l’environnement et pour économiser le bois, les fours à gazs ont été proposés à de nombreux potiers, malheureusement, comme pour ceux de Tamegroute, le résultat n’a pas été satisfaisant, ils sont donc revenus aux fours traditionnels…Seules les poteries citadines s’adaptent souvent mieux aux nouveaux procédés de cuisson.

Dans les produits dérivés de l’art de la poterie, on peut associer, cet autre art réputé du Maroc : le zellige.
En effet, le zellige au Maroc naît aussi de ses multiples carreaux d’argile émaillés et cuits qui seront ensuite taillés et aiguisés selon les différentes formes que les maîtres artisans doivent sculpter.
On peut parler également du Tadelakt, cet enduit de chaux à l’eau réalisé avec la chaux de Marrakech. Ce revêtement offre des vertus très esthétiques et imperméables. Le travail artisanal et de finition se déroule à l’aide d’un galet de rivière avec lequel le Maalem (maître artisan) en tadelakt fera des gestes circulaires répétés plusieurs fois. Ces gestes seront renouvelés avec l’apport du savon noir dilué dans de l’eau…
Dans la poterie moderne et pour la nouvelle application de la poterie marocaine, le Tadelakt a été plutôt révolutionnaire. Les poteries de Tadelakt offrent des pièces aux allures contemporaines très esthétiques qui sont très appréciées.

Le Musée national de la céramique de Safi a ouvert ses portes au cours de l’année 2018, on peut y découvrir des poteries nées de l’antiquité jusqu’à l’époque plus contemporaine et ainsi découvrir et s’informer sur les différentes techniques employées au fil des temps.
Une visite à ne pas manquer si vous passez dans cette région ! 

Les applications modernes de la poterie marocaine et berbère

Si autrefois les potiers étaient très nombreux au Maroc, l’avènement de l’industrie plastique et de la céramique, le manque de main d’oeuvre et surtout le fardeau budgétaire qu’elle représente pour les petits ateliers, l’amenuisement des possibilités de commercialisation ont donc considérablement touché, au fil du temps, le métier de potier.

Comme nous l’avons dit, des fours à gaz ont été distribués pour oeuvrer pour la promotion de cet art séculaire tout en préservant l’environnement, cette opération reste mitigée selon les régions, mais elle est tout de même très utilisée dans les nouveaux modes de cuissons.

Pour faire perdurer cet art séculaire, il a bien fallu s’adapter, aussi, pour la commercialisation des produits de la poterie marocaine et il a fallu innover.

Malgré le manque de main d’oeuvre, bien que des jeunes soient formés à ce métier difficile, notamment à Salé, le défi est lancé.
Il faut impérativement faire perdurer  ce capital immatériel national du pays. Il faut aussi oeuvrer pour le développement socio-économique et pour la continuation de cet art ancestral qui ne doit pas disparaître.

Le plan Maroc Vert accorde ainsi de l’intérêt et de l’importance à tout ça, de ce fait, le circuit commercial prospère, la percée des coopératives et la reconnaissance unanime de cet artisanat marocain, fait valoir de nouveaux espoirs…
de nouveau valoir de beaux espoirs pour demain…
A ce titre, des stages de poterie sont nés dans la vallée du Rif avec “Les poteries de Mama Aïcha” des stages qui intéressent des personnes du monde entier qui sont même sur liste d’attente pour venir découvrir et créer de véritables poteries berbères…On y  apprend à modeler des pièces à la main, à les faire sécher et à les faire cuire au feu de bois, à les polir et à les décorer. Pour plus d’informations, voir sur internet l’association “Sumano”.

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