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Le travail de la tisseuse berbère

Le travail de la tisseuse ou tisserande berbère au Maroc, s’évertue depuis la nuit des temps à tisser, en quelque sorte, tous les fils de la vie…Les tisseuses de la vallée du Siroua située entre le Haut-Atlas et l’Anti-Atlas, au même titre que les tisserandes des nombreuses tribus berbères amazigh du Moyen-Atlas, dont aussi les femmes du village d’Aït Hamza (Province de Boulemane), sont les preuves vivantes de cet attachement culturel pour lequel elles contribuent et s’investissent depuis fort longtemps.

Ce sont ces femmes qui font valoir la réputation mondiale des plus beaux tapis berbères marocains comme les :  Beni ouarain, Kilim, Azilal, Boucherouite et bien d’autres encore… Au Maroc, on fait perdurer les techniques anciennes du tissage, on y trouve même des techniques uniques et aujourd’hui propres seulement au Maroc. C’est le cas pour le tissage fait d’une seule pièce sur le métier à tisser, pour une sorte de selham (burnou) un vêtement très ancien, comme c’est aussi le cas pour les techniques du noeud berbère et la technique de brochage propres aux tapis de laine entièrement noués à la main.

Les femmes berbères défendent cet héritage millénaire, cet attachement artistique et elles contribuent dans le royaume et pour les localités les plus concernées, à faire valoir cette réputation internationale des tapis berbères marocains. Lutte perpétuelle contre l’oubli et l’usure du temps, ces tisseuses berbères sauvegardent la mémoire, l’imagination, le savoir-faire et la rencontre multiculturelle des tribus berbères du Maroc, elles assurent la continuité de cet art ancestral qu’est le tissage et font valoir les composantes de cette culture berbère marocaine unique qui met en avant, la créativité, l’imagination et la sensibilité typique et authentique de chaque artisan marocain. Ces femmes font valoir également cette place et ce rôle essentiel que tient la femme au sein de la famille marocaine et ce, sur de nombreux plans : sociaux, culturels, traditionnels, éducationnels et bien sûr économiques !

Le tissage au Maroc


Le tissage au Maroc fait son apparition dès 1500 av.J.C., donnée officielle du Ministère de la communication du Maroc. La diversité des matériaux caractérise aussi l’art du textile et toutes les formes d’expression artisanales en textile. Ces expressions se valorisent par le tissage qui habille les corps et crée des objets de décoration parmi les plus raffinés. Dans les zones montagneuses et rurales de l’Atlas, comme dans les villes parmi lesquelles, la belle Marrakech, les pratiques de l’art et de l’artisanat dépassent les ateliers et peut déjà se contempler au coeur des ruelles de la médina…

Ourdissage, filature, traitement de la laine sont des techniques visibles pour peu qu’on s’y intéresse vraiment ! On peut aussi voir tout cela aux seins des nombreux ateliers présents au Maroc. La laine reste la matière bénie et considérée comme un don du ciel au Maroc, c’est elle qui fait valoir la renommée des tapis berbères marocains.

Le travail de la tisserande berbère ou tout simplement de la femme

Le travail de la tisseuse berbère concerne depuis longtemps une tradition féminine qui se transmet de mères en filles. Ce sont les femmes qui assurent toutes les tâches qui se déroulent après la tonte, la préparation, le lavage, les couleurs et les teintures, le stockage et le filage de la laine, puis enfin le montage du métier à tisser et donc le tissage. Le travail féminin au Maroc et surtout en milieu rural, investit fortement ces femmes dans toutes les activités domestiques et économiques à faible valeur ajoutée, c’est ainsi le cas pour l’agriculture, l’artisanat et le commerce.

La sous-estimation et l’invisibilité statistique de ces travaux sont hélas, encore de rigueur. Pourtant, dans l’économie rurale en général, le rôle de ces femmes et la nature des tâches qu’elles accomplissent jouent bien souvent un rôle primordial pour la survie de la famille. La plupart du temps, l’absence ou la faiblesse des rémunérations sont telles que cela nuit aussi à la reconnaissance de ces travaux… Si les améliorations sont notées sur ces plans précis ou encore en cours, il est des lieux où elles ne sont pas encore…

De nombreuses femmes au Maroc travaillent encore dans le cadre du foyer domestique. Bien sûr, le manque d’alphabétisation et la déscolarité explique aussi cela… Par ailleurs et paradoxalement, on constate aujourd’hui au Maroc cette émancipation féminine par le travail qui est en plein essor et ce, surtout chez les femmes célibataires, divorcées, séparées ou veuves. Elle est effectivement moindre pour les femmes mariées qui sont ainsi et bien souvent celles qui font valoir la continuité des traditions artisanales et créatives transmises de générations en générations, le tissage en est donc un exemple parmi d’autres.

Au Maroc, le tissage conserve sa valeur symbolique mais aussi économique.
Les femmes continuent de tisser sur “l’azetta” (la chaîne) le nom berbère donné au métier à tisser traditionnel,  elles tissent pour la maison, pour le mariage des filles et aussi pour les hommes, elles tissent les fils de la vie : la vie, la mort, la virginité, l’accouplement, la naissance, l’amour…

Les tisseuses berbères marocaines tissent tout simplement le miroir de la terre ! 

Il n’est pas rare de nos jours et désormais de trouver des coopératives de tissage nées de l’initiative des tisserandes elles-mêmes et, appuyée, par diverses organisations et coopérations internationales et du Maroc. Ce sont ces femmes qui se chargent de tout et de toute la chaîne de production. Grâce à tout cela, les femmes améliorent aussi leur revenu familial. Le commerce équitable est ainsi de plus en plus de rigueur quand vous investissez dans un tapis berbère marocain. Vous contribuez donc et aussi à l’amélioration de vie de ces familles.  

Le rôle de transmission du tissage


Cet art ancestral et cet apprentissage du tissage, demeure traditionnel et se transmet de mère en fille au sein de la famille. Les jeunes filles tissent ainsi des tapis, y compris le hanbel qui reste encore la pièce maîtresse de l’activité du tissage. Le tapis est une pièce incontournable du trousseau de la mariée, il reste également un cadeau très prisé à travers le monde, le tapis berbère, en berbère “Tazerbit” occupe au Maroc, une place très importante. Le croisement simple des fils de chaîne et de trame en pure laine en employant l’armure drap, représente le travail spécifique d’un hanbel, différent de celui d’un tapis, le hanbel est encore aujourd’hui, dans le Moyen et Haut-Atlas, l’héritage de plusieurs siècles de cet art ancestral du tissage, il reste l’objet précieux dans la maison berbère. Tous les motifs tissés ont des symboliques et des significations.

Le travail spécifique de la laine



La transformation de la laine passe entièrement entre les mains des tisseuses qui vont, avec des outils spécifiques, qui sont aussi et souvent des objets de familles donc personnels :  les peignes, les cardes, les quenouilles, contribuer à apprêter cette laine qui sera ensuite tissée. Encore aujourd’hui, le tissage dans certaines contrées marocaines occupe une grande partie du quotidien de nombreuses femmes, toutefois, ce travail est interdit les jours de prière, soit, le vendredi et lors des fêtes religieuses. C’est au printemps que la tonte des moutons se pratique, là, ce sont les hommes qui tondent à l’aide de ciseaux et non plus de petites serpes “imgr” comme antan et achètent les toisons de laine. Tout ceci est un rituel accompagné de prières pour attirer la bénédiction divine, la “Baraka”. L’aide collective et les liens de la communauté dénommée “tiwizi” se met en oeuvre pour la tonte.
C’est seulement après ces opérations, que le cycle féminin du tissage va débuter…

L’opération “tadut” peut commencer, c’est le triage et nettoyage de la laine. Il n’est pas rare que la laine soit préalablement bouillie dans un bain de saponaire pour la faire blanchir ou alors, mouillée, tapée et lavée à la rivière à l’aide d’un panier en osier qui filtre l’eau, et est appelé “taselite”.
La laine sèche ensuite au soleil. On stocke durant plusieurs jours et ensuite la laine dans la réserve domestique appelé “khzin” »). La laine est reste stockée est sortie dès la fin de l’hiver, il est alors venu le temps de monter le métier à tisser.

Le montage du métier à tisser

Les femmes sont assises au sol et commencent le cardage pour travailler le fil de trame qui doit être très résistant. C’est à l’aide de deux planchettes en bois hérissées de clous et appelées cardes ou en berbère “imchdn” qu’elle travaillent les fibres de laine frisés et plus courts, les fibres plus longues sont peignées et sont destinées à la chaîne. Les deux peignes appelés en berbère “imchdn n tzrzt” sont utilisés pour séparer la laine. Les femmes sont des fileuses expérimentées, elles façonnent ainsi la laine à leur guise. Lorsque le métier à tisser est enfin prêt, le tissage peut commencer selon l’imagination, la créativité et les inspirations de la tisseuse berbère. 

Quand vous achetez un tapis berbère marocain, sachez que c’est une véritable oeuvre d’art qui n’est jamais né de nul part, vous avez alors entre les mains, une partie de la vie de la tisserande berbère qui a confectionné ce tapis. Voilà pourquoi, vous ne regarderez jamais plus un tapis berbère de la même façon, systématiquement, vous penserez à cette femme, qui, durant des heures, s’est investie corps et âme dans cet ouvrage.


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